M a t h i l d e
Van Den B o o m

crédit photo : Caroline LION
Je suis née Van Den Boom
Je suis née « De l’Arbre »
Boom
Arbre
Et rien de détonant,
tu sais, ça se prononce :
Baume
comme ce qui soigne
Alors je m'y suis liée, à cet
Arbre qui comme l’homme
se tient debout
les pieds sur terre
la tête dans les étoiles
(h)être si multiple,
qui bruisse de vie-s,
cet hôte de milliers de
antennes à pattes
peut-être indésirables
(mais pour qui ?)
becs à plumes
animhommammifères
tiges à sève parfois somnifères
moisi-champis ~ parasites
embrassés sans broncher
Si grand, l'arbre, qu’on dirait que,
comme Atlas sur ses épaules,
il soutient le ciel
à bout de branches
Si profond
que ses racines
engouffrées vers les méandres
semblent tenir
le coeur de la Terre
Se mêlant, se liant
entre elles toutes, les racines,
et ensemble tissant
toute la mémoire du monde…
Un conte
ça pousse et ça mûrit,
ça ne se force pas
C'est comme une clé
vers nos terres intérieures
cartographiées
ou inexplorées
ou même : désertées
Et pourtant
si souvent
sublimes de beauté...
Comme du sol sur lequel on marche
il fait bon prendre soin
de celui dans lequel on pousse
Les contes
comme écologies
de nos terres
comme des yeux
à fleur de peau
à plante de pied
des yeux
sur ces rêves
qui pétrissent le monde
et qu'on cherche pourtant à oublier
Il paraît que l’homme devient
aveugle de ne plus rêver
Les contes
sont des échos
logiques
ou non
(parfois le mystère est plus
beau que la raison)
Parfois la question suffit
à retrouver la terre
la vue
le rêve.
c h e m i n
Tu veux savoir d’où je viens ?
Ne sommes-nous pas tous
poussière d’étoile ?
Tout a commencé
(pour moi)
il y a 36 ans
au sortir d’un tipi dans l’Ouest américain.
Mais c'est en France que je grandis,
les yeux noyés d'imaginaire
entre le "réel" et l'invisible.
Lorsque j'atteins 1m79,
et (re)descends (un peu) sur Terre,
j'atterris sur les planches.
À Chaillot, puis au conservatoire ParisVIII
se mêlent théâtre, chant, danse...
Sous l’oeil rieur d’Anne Cornu
et Vincent Rouche,
je chausse(?) un nez, rouge.
Le clown devient spectateur interne,
regard décalé, plume poétique.
Puis, je tombe en amour d’une Grèce
stratifiée, où la crise
flambe (sur) les rêves des hommes,
où des pierres vibrantes de mémoires
côtoient les poubelles du monde,
et que sur tout cela, parfois,
une fleur pousse au soleil.
À Athènes, le conte m’ouvre les bras.
De retour au pays d’enfance,
Je rencontre Charles Piquion
et me blottis sous son aile de conteur,
Je suis le sillage de Michel Hindenoch
et de ses yeux d’océan,
Je me lie aux Djinns, compagnie spectaculaire de coeur, explorateurs marionnettiques, ombrifères, profondifiants,
Et en 2022, j'intègre le LABO de la Maison du Conte.